Transparente...
Les tourments indélicats ont rongé les plus forts des sentiments,
Les souvenirs, invisibles cicatrices, ne se referment pas,
Suppurant à jamais l'acide des larmes brûlantes.
Sur cette terre désertée depuis toujours, hostile et infertile,
Il est illusoire de croire qu'on peut y voir naître le plus petit embryon d'espoir.
Le corps trop souvent malmené, trop souvent meurtri,
N'a plus aucune parcelle épargnée des douleurs, habitudes depuis longtemps installées.
L'esprit s'accroche parfois bien malgré lui,
Aux branches de la vie, tortueuses et épineuses.
Quant au coeur,
Il aurait tant voulu qu'on s'intéresse à lui avant qu'il ne soit trop tard,
Qu'on lui prenne la main,
Qu'enfin il soit l'unique objet d'un amour éperdu...
Mais il sait qu'il ne peut rivaliser,
Avec les atours alentours,
Qui se découvrent sans pudeur,
Car il est tellement plus facile d'être futile et volubile ...
Mais il sait qu'il ne peut rivaliser avec les images tenaces,
Des femmes du passé qu'on vénère à jamais,
Mais cette terre, ce corps, cet esprit, ce coeur si imparfaits,
Savent désormais qu'ils resteront seuls à errer,
Dans ces couloirs tristes et froids.
C'est alors que sagement,
Il vaut mieux s'effacer,
Ne pas faire de bruit,
S'en aller sur la pointe des pieds,
Se recroqueviller, s'évaporer,
Ne pas imposer quoi que ce soit surtout pas l'amour,
Rester tout simplement, transparente...
Véronique Blandin