PHOTO DE JEAN-NOEL LEBLANC
Et oui, on en parle pendant un an. Pendant un an, on travaille avec acharnement pour organiser un événement culturel dans notre Nièvre si peu mise en valeur en dehors de ses frontières ! Et quand le jour J arrive, il passe à une vitesse terrible.
Le weekend dernier se tenait donc les journées Litter’halles ! Le salon de la nouvelle prend alors une autre dimension. Il se déroule sur deux jours désormais.
photo Dominique Achard
Avec l’Académie Alphonse Allais, suite à la venue l’an dernier de Xavier Jaillard, une idée de créer un Prix de la forme courte est née. Et l’idée a fait son chemin. Ce prix porte un nom prestigieux, celui de René de Olbadia …
Quel moment formidable en perspective avec la venue de personnes comme : Alain Rey, Marcel Amont, François Rollin (le professeur Rollin), pour ne citer qu’eux ! Et puis non seulement, le samedi la remise du Prix de René de Olbadia, sans oublier la chanson "A cappela" de Marcel Amont, mais aussi le soir un spectacle avec Xavier Jaillard et Céline Malta (concertiste harpiste) suivi d’un repas convivial. Mais surtout en présence d’un grand monsieur de la littérature française, le doyen de l’Académie Française, René de Olbadia.. Le dimanche, le salon se poursuit sous la forme habituelle avec la remise du prix Litter’halle ! Les finalistes en lice sont impatients de connaître le résultat comme les visiteurs du salon ! *
Photo Véronique Blandin
Je suis heureuse que ce soit Denis Brillet qui soit lauréat pour cette année avec son si beau recueil « Arc Atlantique ». Et l’an prochain il sera parmi nous pour la remise du prix 2019
Le salon c’est aussi : rencontrer les autres auteurs présents, les illustrateurs, le Théâtre de l’Eprouvette … c’est tout aussi passionnant !La reléve qui dédicace avec leur recueil fait avec leurs professeurs ... Retrouver les amis, rencontrer des nouvelles personnes, échanger, rigoler … s’émouvoir … peut-être aussi pour ma part avoir quelques larmes ….
L’après-midi c’est encore des découvertes, des dédicaces, des rires …. Puis vers 18 h on remet les prix pour le concours amateur de nouvelles ! Les collégiens, les lycées et les adultes sont mis à l’honneur et tous sont heureux de recevoir leur prix. Ça me rappelle quand en 2008, 2010 et 2014, j’ai reçu mes prix, où je tremblais ne réalisant pas ce qui m’arrivait …
C’est tout ça le salon de Decize et c’est tellement de choses qu’on est emporté dans un tourbillon … surtout que cette année mon livre est sorti quelques jours avant et que je me lance dans les premières dédicaces ! Dédicaces qui engendrent énormément d’émotions …. Alors c’est dire qu’on est hors du temps depuis le samedi …
Tout ce dont je vous parle là, beaucoup l’on relaté sur les réseaux sociaux, dans le journal et même sur France 3 Bourgogne, sur les blogs des amis … et très bien relaté !
J’ai pour ma part envie de vous parler d’une rencontre qui me marquera jusqu’à la fin de ma vie et qui désormais m’accompagnera toujours en tant que personne qui écrit mais aussi dans ma vie tout court.
Notre invité d’honneur, celui qui a si gentiment accepté de donner son nom au Prix remis samedi ! René de Olbadia !
Ce grand homme de lettre, le doyen des « sages » de l’Académie Française, est présent. Je n’ose pas l’aborder je l’avoue, impressionnée. Il arrive au salon et à son arrivée tout se fige et nous sommes tous sous le coup de l’émotion de voir ce grand monsieur tout frêle avec sa canne et le poids des années mais avec l’œil pétillant, doux et rieur ! A cet instant, je me dis que je ne dois pas repartir d’ici sans avoir la chance de lui parler un peu ! Je ressasse dans ma tête ma bêtise faite à Vezelay, quelques années plus tôt, mes textes sous le bras, plantée devant la porte chez Jules Roy et de ne pas avoir été capable de sonner alors que j’apercevais la silhouette de « mon maitre » que j’admire tant. Désormais, je m’en veux car bien sûr Julius n’est plus ! Alors aujourd’hui je me dois d’aller voir, celui qui en 1999 a remplacé Julien Green à l’Académie Française.
Mais je pense que mon objectif sera très compliqué. L’auteur est très entouré et il ne reste pas longtemps seul à sa table pour dédicacer ! Tout le monde veut aborder cet homme. Rien de plus normal, quand on connaît le chemin parcouru depuis sa naissance en 1918 à Hong Kong ; en passant par Amiens ou Paris où sa mère l’élève ; son arrestation en 1940 pour le Stalag VIII pour travailler dans une briqueterie puis dans le nettoyage des forêts ; qu’il a comme ami des gens comme Roland Barthès, Jean Vilard ; qu’il a écrit des chansons pour Luis Mariano et surtout son œuvre au théâtre -jouée dans le monde entier- poète, dramaturge et cet humour qui on fait sa renommée. Mais je suis patiente, comme toujours ! Et le moment inespéré arrive. Je le vois seul alors j’abandonne ce que je faisais d’un seul coup. Je m’approche et j’ose m’assoir à côté de lui. Il me sourit et là plus rien n’existe. Je m’excuse de l’importuner et il me répond avec sa grande humilité qui le caractérise, que je ne le dérange pas au contraire. Je lui donne mon livre et oui j’ose. Quand j’y repense je ne sais pas comment j’ai pu faire ça. Mais quelque chose d’inexplicable m’y pousse. Il est ravi et tout aussi ému que moi. Il le regarde. Je ne dis rien, je l’observe. Il voit la couverture, la 4éme de couverture ! Et me dis : « La couverture est vraiment magnifique, vraiment ! C’est important.» et nous nous engageons dans une belle conversation. Il me raconte ses premiers pas dans l’édition, qui n’ont pas été simples. J’aurais voulu que ce moment ne s’arrête pas. Qu’un si grand écrivain me parle ainsi d’une manière si naturelle, qu’un homme comme lui me donne quelques conseils, c’est incroyable et j’ai encore bien du mal à réaliser. Je garde ce moment précieux au fond de moi et pour toujours. Il me guidera un peu, peut-être pour la suite de mes écrits. J’ai bien fait d’oser …
En partant dimanche, nous avions tous le cœur serré de le voir nous quitter et moi je ne vous en parle même pas. Tout le monde le salue certains lui serrent la main, lui adresse un petit signe et quand il arrive à mon niveau, j’amorce un geste pour lui tendre ma main pour serrer la sienne, il relève la tête vers moi -il est soutenu par un de ses amis qui l’aide à marcher- me regarde droit dans les yeux et me dit « Ah vous, je vous embrasse. » Il tend alors son bras vers moi, me tend la joue et m’embrasse. Mes larmes ne sont pas loin mais je les ravale un peu, je les garde pour moi. Et je le vois partir. Rien que de vous relater ce moment rare, j’en ai encore des frissons. Je ne sais pas si la vie me donnera l’occasion de le revoir mais c’est pour moi LE MOMENT IMPORTANT DE CE SALON 2018.
Merci Monsieur de Olbadia… "Je ne sais pas si à vous, vous allez vous manquer, mais à moi vous me manquez déjà."
Ecoutes bien les paroles de René de Obaldia mon fils, elles sont précieuses !
Photo Dominique Achard
Véronique Blandin