J'ai retrouvé au fond d'une poche de ma vieille veste,
Ce vieux morceau de papier chiffonné,
En boule, il devait être rose à l'origine,
La couleur avait passée un peu,
Comme la couleur de mes cheveux....
Le papier était aussi vieux que je pouvais l'être ...
Je l'ai déplié délicatement,
Du bout de mes doigts déformés par les années,
J'ai un peu peiné,
Mais soudain tout m'est revenu,
Moi qui oublie tout depuis quelques années...
La couleur de ses yeux, la profondeur de son regard,
L'odeur de sa peau,
Puis après avoir fermé mes yeux,
J'ai pu presque entendre le son de sa voix ...
Juste sur ce bout de papier,
Il avait griffonné son nom, son adresse ....
Je l'ai serré si fort dans mes bras ce jour là,
Je m'en souviens bien maintenant...
Il m'a dit : "On se revoit bientôt... N'oubliez pas ce bout de papier..."
J'ai pris le dernier train du soir,
Je le revois sur le quai de la gare,
Il me faisait signe de la main,
J'ai serré fort le bout de papier dans ma main,
Puis dans ma veste...
Quelques jours plus tard,
Je me suis rendue : Rue du Pressoir,
Au numéro 25,
Je l'ai aperçu de loin,
Puis soudain à son bras,
Une grande blonde précieuse,
Elle poussait un landau,
Il l'a embrassé et ont pris leur voiture.
L'engin flambant neuf est passé devant moi,
Mais il ne m'a pas vu ....
J'ai serré fort le bout de papier,
Enfoncé dans la poche de ma veste ...
Je suis revenue dans ma chambre sous les toits,
Chambre sordide et glaciale !
Quelques larmes ....
J'ai rangé la veste, puis j'ai oublié avec difficulté...
Les années filaient si vite,
Jamais je n'ai poussé de landau,
Mais j'avais juste ce bout de papier....
Véronique Blandin