Entouré des ses camarades,
Le soldat Maringot Jules,
Ne sent plus le bout de ses doigts.
Entouré de ses camarades,
Le soldat Maringot Jules,
Ne sait plus depuis combien de temps ils sont là ?
Entouré de ses camarades,
Le soldat Maringot Jules,
N'est plus qu'un matricule.
Entouré des ses camarades,
Le soldat Maringot Jules,
Est malgré tout seul,
Face au froid, à la faim, au chagrin,
A la peur qui l'étreint,
Dont il ne faut rien montrer !
Entouré de ses camarades,
Le soldat Maringot Jules,
Soudain pense à la vie d'avant,
D'avant cette boue, cette crasse, cette puanteur...
Entouré de ses camarades,
Le soldat Maringot Jules,
Soudain pense au dernier été,
Passé à faucher le beau blé doré.
Entouré de ses camarades,
Le soldat Maringot Jules,
Se sent bien vieux,
Malgré ses tout juste 23 ans !
Entouré de ses camarades,
Le soldat Maringot Jules,
A un souvenir magique qui lui revient magnifique,
Le visage angélique de sa belle Eugénie.
Entouré de ses camarades,
Le soldat Maringot Jules,
A reçu une lettre,
Il ne sait comment, elle a pu venir jusqu'ici ?
Dans cette galére hors du temps, hors de la vraie vie ?
Son petit Paul est né le mois dernier !
Entouré de ses camarades,
Le soldat Maringot Jules,
Voudrait sortir de cette tranchée morbide,
Un homme de plus est tombé à ses pieds !
Entouré d'encore très peu de camarades,
Le soldat Maringot Jules,
Entend les obus éclater,
Ils se rapprochent insidieusement...
Entouré d'encore très peu de camarades,
Le soldat Maringot Jules,
Se dit : " Petit Paul, aujourd'hui doit avoir un an déjà ?"
"Comment se fait-il que je ne suis pas vers lui, pour fêter ça ?"
Entouré encore de si peu de camarades,
Le soldat Maringot Jules,
Depuis toutes ces années à se battre,
Ne pense plus à rien, sauf à sa femme et son gamin !
Entouré encore de si peu de camarades
Il voit une boule de feu, sa chaire déchirée,
Un cri ultime sort de sa bouche asséchée,
Une dernière lueur dans ses yeux vitreux et attérrés !
Entouré de quelques camarades,
" Les Gueules Cassées", les rescapés, éberlués, étonnés d'être là !
Eugénie et Paul,
N'ont plus que faire de cette guerre qui leur a pris un père, un mari,
Qui avec honneur a défendu la patrie !
Plus de blé doré à faucher,
Plus de douceur angevine du foyer familiale,
Plus qu'un père à imaginer, un mari à pleurer.
Aujourd'hui la patrie est libérée,
Les tranchées sont un peu refermées,
Mais résonnent encore,
Les sanglots étouffés du soldat Maringot Jules,
Mais résonne encore,
Son courage donné sans compter !
Un jour au fond de ce cauchemard,
Le soldat Maringot Jules,
Avait rêvé que l'enfer de la Grande Guerre,
Ne soit plus d'actualité,
Qu'il pourrait de nouveau faucher le blé doré,
Embrasser Eugénie, douce et tendre adorée,
Serrer fort son Paul joufflu et malicieux.
Mais un obus de trop,
A tué le soldat Maringot Jules,
Sur la place du village,
Gravé dans la pierre d'une stéle bientôt centenaire,
Entouré de ses camarades,
On voit le nom du soldat Maringot Jules !
"A nos enfants tombés pour la patrie"
J'entends au loin l'obus fatal,
Et Jules qui meurt sous son habit tout gris...
Et Jules pourquoi, pour qui,
Puisqu' encore aujourd'hui,
D'autres bombes éclatent,
D'autres Soldats tombent au combat,
Mais Jules malgré tout,
Ton courage est un exemple.
Pour ton abnégation,
Nous te devons à jamais le respect,
Ainsi qu'aux camarades qui t'entouraient...
Véronque Blandin