Jules Supervielle (1884-1960)
Je me souviens à l'école primaire déjà, d'avoir lu et appris, les poésies de Jules Supervielle. Bien des années plus tard, cet auteur revenait souvent en moi et j'ai repris ses ouvrages. J'ai voulu découvrir plus amplement ses écrits, sa vie.
Jules Supervielle est né en Uruguay. Ses parents étaient français. Quand il a 8 mois, ils reviennent en France et laissent le jeune Jules orphelins de père et de mère à cause d'un empoisonnement avec de l'eau impropre à ou du cholèra ! Il est donc élevé par son oncle et sa tante qui eux sont encore en Uruguay. Il fait des études de lettres, jusquà la licence. Après la 1ére guerre mondiale, il s'installe à Paris, devient ami avec Michaux et Paulhan.
Le grand prix de L'Académie Française lui est attribué en 1955.
Pourtant contemporain du mouvement du surréalisme, il n'est jamais influencé par ce dernier. Il préfére suivre son propre chemin. Ses romans sont souvent axés autour du thème de l'enfance : "L'homme de la Pampa" (1923) ....etc.
Avec "Gravitation" paru en 1925, son style se révéle (il écrit : "Les souvenirs sont du vent, ils inventent les nuages !")
Il publie de nombreux recueil de poésie : "Les amis inconnus" (1934), "La Fable du Monde" (1936) ...etc. Et voilà ci-dessous un texte tiré du recueil "Le Forçat Innocent" de 1930. Recueil que j'affectionne tout particulièrement.
Son style inconsciemment, je pense m'influence depuis fort longtemps. J'aime sa façon d'écrire. Son choix d'être libre et en quelque sorte d'avoir su rester lui même. Et de le lire et le relire est un enchantement !
Véronique Blandin
LES YEUX
Chers yeux si beaux qui cherchez un visage,
Vous si lointains, cachés par d'autres âges,
Apparaissant et puis disparaissant,
Ah ! Protégés de vos cils seulement
Et d'un léger battement de paupières
Sous le tonnerre et les célestes pierres
Chers yeux livrés aux tristes éléments
Que voulez-vous de moi, de quelle sorte
Puis-je montrer, derrière mille portes,
Que je suis prêt à vous porter secours,
Moi qui ne suis parmi les hommes
Qu'un homme de plus ou de moins
Tant le vivant ressemble au mort
Et l'arbre à l'ombre qui le tient
Et le jour, toujours poursuivi,
A la voleuse nuit.
Jules Supervielle