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Le blog de Véronique Blandin
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27 avril 2011

Blaise Cendrars : l'homme à la main coupée !!

cendrars

 

Aventurier, baroudeur,écrivain, poète, journaliste, comme je les aime, un homme qui a vu du pays, qui a vécu la grande guerre et qui en plus y a laissé un bras ! Un auteur, un poète plein de courage qui a du réapprendre à écrire de la main gauche pour poursuivre sa passion ! Il toucha même au cinéma !!

Un livre exceptionnel à lire de Blaise Cendrars : La main coupée ! Son oeuvre est riche et dense, passionnante !

Voilà un texte qu'il a écrit en 1912 (Les Pâques) puis retravaillé en 1919 pour l'appeler alors "Les Pâques à New York" !) Il était malade et alors il se voulait renaître de ses cendres...

 

 

LES PÂQUES À NEW YORK

Seigneur, je suis dans le quartier des bons voleurs,

Des vagabonds, des va-nu-pieds, des receleurs.

Je pense aux deux larrons qui étaient avec vous à la Potence,

Je sais que vous daignez sourire à leur malchance.

Seigneur, l'un voudrait une corde avec un noeud au bout,

Mais ça n'est pas gratis, la corde, ça coûte vingt sous.

Il raisonnait comme un philosophe, ce vieux bandit.

Je lui ai donné de l'opium pour qu'il aille plus vite en paradis.

Je pense aussi aux musiciens des rues,

Au violoniste aveugle, au manchot qui tourne l'orgue de Barbarie,

A la chanteuse au chapeau de paille avec des roses de papier ;

Je sais que ce sont eux qui chantent durant l'éternité.

Seigneur, faites-leur l'aumône, autre que de la lueur des becs de gaz,

Seigneur, faites-leur l'aumône de gros sous ici-bas.

Seigneur, quand vous mourûtes, le rideau se fendit,

Ce qu'on vit derrière, personne ne l'a dit.

La rue est dans la nuit comme une déchirure

Pleine d'or et de sang, de feu et d'épluchures.

Ceux que vous avez chassé du temple avec votre fouet,

Flagellent les passants d'une poignée de méfaits.

L'Etoile qui disparut alors du tabernacle,

Brûle sur les murs dans la lumière crue des spectacles.

Seigneur, la Banque illuminée est comme un coffre-fort,

Où s'est coagulé le Sang de votre mort.

Les rues se font désertes et deviennent plus noires.

Je chancelle comme un homme ivre sur les trottoirs.

J'ai peur des grands pans d'ombre que les maisons projettent.

j'ai peur. Quelqu'un me suit. Je n'ose tourner la tête.

Un pas clopin-clopant saute de plus en plus près.

J'ai peur. J'ai le vertige. Et je m'arrête exprès.

Un effroyable drôle m'a jeté un regard

Aigu, puis a passé, mauvais comme un poignard.

Seigneur, rien n'a changé depuis que vous n'êtes plus Roi.

 

Blaise CENDRARS, (1887 - 1961)

Les Pâques à New York

 

Véronique Blandin

 

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Commentaires
L
De Blaise Cendras, j'ai lu "L'or".<br /> Dans cette folie littéraire, tout de lui y est. L'aventurier, le poète... On ne sort pas idem d'un tel livre.<br /> Bonne soirée.
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