Dans tes yeux délavés,
Dans tes yeux délavés,
Sur les sillons de ta peau usée,
j'ai vu une larme couler...
De ta bouche édentée,
Sur tes lèvres desséchées,
J'ai pu déceler quelques mots encore censés...
Tu as si froid,
Tu as si mal en toi,
Le sol sur lequel tu es tombé,
Ne te semble pas si dur pourtant...
Tu as si peur le soir venu,
Tu as si peur qu'on ne te voit plus,
Tu as raison je pense un peu,
Ils sont devenus indifférents...
Tu n'as pour seuls compagnons,
Que quelques vieux cartons,
Un sac percé et tes souliers tout abîmés,
Mais surtout tu as "Fripon",
Le plus fidèle, il est comme toi sans collier ...
Tu as souvent l'esprit embrumé,
Par le froid, par les jours de canicule,
Par le mauvais alcool avalé machinalement,
Mais tes souvenirs souvent remontent en toi,
Et ça tu le crains plus que ton pitoyable état...
De ta bouche édentée,
Sur tes lèvres desséchées,
Sortent parfois des mots presque inaudibles,
Un petit air d'une chanson,
Toi le pauvre hère,
L'argent et un toit ça te manque un peu parfois,
Mais ces mots, cette chanson susurrés,
Tu voudrais les crier,
A celle qui te manque plus que tout,
Celle que tu ne peux oublier : ta mère ...
Dans tes yeux délavés,
Sur les sillons de ta peau usée,
J'ai essuyé cette larme mais jamais l'image du passé...
Véronique Blandin