Les oubliés...
Ils ont été des gens parfaits,
Des gens qui vivaient,
Les oubliés.
On les fréquentait, on leur parlait,
Ils étaient toujours invités,
Les oubliés.
Jamais une fête sans eux,
Un Noël, un anniversaire,
Ils étaient toujours là,
Les oubliés.
Le travail les engloutissaient,
Les enfants, les amours,
C'étaient leur quotidien,
Aux oubliés.
Ils couraient partout,
Avaient toujours des rendez-vous,
Les oubliés.
Ils se préoccupaient de tout,
Regardaient toujours de l'avant,
Se battaient pour leurs idées,
Les oubliés.
Leur vie était sociale,
Leur vie était conviviale,
Aux oubliés.
Puis un jour ils se sont ridés,
Fatigués, vieux et usés par le temps.
Les oubliés.
Devenus des fardeaux,
Devenus transparents,
La retraite comme seule amie, la famille s'écarte,
Des oubliés.
Parfois on passe les voir,
Dans leur mouroir triste et noir,
Un soubresaut de remords,
Pour les oubliés.
Ils ont leurs souvenirs qui s'effacent,
Où si il en reste une trace,
Ils serrent les dents pour ne plus se faire mal,
Parfois de leurs yeux secs coulent une larme discrète,
Des oubliés.
Un jour la grande faucheuse,
Est là au rendez-vous.
Elle ne les a pas oubliés
Et puis soudain,
On se souvient d'eux,
Les oubliés.
Un dernier au revoir,
Une poignet de terre jetée dans le trou,
Et l'on s'en retourne,
A ce quotidien plus fort que tout,
En ne pensant pas qu'un jour,
Nous serons tous des oubliés !
Parfois dans nos têtes,
Reviennent à nous les oubliés,
Et l'on ressort, bonne conscience,
Une vielle photo posée sur la cheminée
Des oubliés.
Quand je pense à tout cela,
Je me dis que c'est tout de même fou,
Que les oubliés doivent-être mort,
Pour que l'on songe à les aimer !
Véronique Blandin