Les trois coups ont résonné...
Voilà les trois coups ont résonné,
Le brigadier annonce que tout va commencer !
Le silence se fait et les yeux scrutent avec impatience,
Le mouvement du rideau rouge qui se lève !
Et nous voilà déjà dans un autre monde,
Parfois un décor splendide ou plus minimaliste,
Où le comédien va faire son entrée sur les planches !
Son coeur en coulisse palpite,
Une dernière inspiration et le voilà devant nous :
Tantôt un comique, tantôt un charmeur, tantôt un fourbe...
Nous spectateurs, nous n'avons pas vu,
Sa lente transformation !
Le maquillage face au miroir,
Le début de la concentration,
Et l'habit qui définitivement le fait devenir un autre !
Il joue parfois le rôle de sa vie !
Il tremble mais on ne voit rien !
Le comédien déclame son texte parfaitement,
Son jeu est époustouflant,
Et le temps d'une heure ou deux,
On oublie l'endroit splendide du théâtre,
On est bien installé dans nos fauteuils au velours rouge pimpant !
On se retrouve au siècle de Molière, de Racine ou de Corneille..
On se retrouve dans les tourments d'un Shakespeare envoûtant,
On rit aux larmes d'entendre les portes qui claquent dans un vaudeville truculent !
On aime les fabuleux : Labiche, Feydeau, Courteline...
Oh voilà les dernières tirades,
Et l'on applaudit à tout rompre,
Parfois d'un seul homme,
Le public émerveillé se lève,
Et les bravos, et les acclamations tirent les larmes aux comédiens touchés,
Aux comédiens qui ont tout donné.
Les voilà main dans la main,
Ils s'avancent au devant de la scène,
Et à bout de souffle mais heureux,
Nous saluent, nous remercient !
Mais c'est nous qui vous remercions,
L'espace d'une pièce, d'un spectacle,
Nous avons rêvé, nous avons rit, nous avons pleuré....
Puis un pas en arrière,
Les derniers regards échangés,
Les derniers applaudissements,
Et le rideau se baisse.
Tout le monde s'en va !
Comédiens et spectateurs ont des étoiles plein la tête.
Et le théâtre s'endort doucement !
Demain encore le brigadier résonnera...
Véronique Blandin