La fille de l'Ile .........

Elle venait d'un autre monde,
D'une île où rien n'est semblable comme ici !

Elle venait voir ailleurs,
Comme on prend l'air les dimanches d'ennuis ...

Elle venait voir de l'autre côté de l'océan,
Car tout lui semblait plus beau, plus grand ....

Elle ouvrait grand ses yeux de jade,
Elle cherchait quelque chose de différent mais quoi ?

Elle était là, elle divaguait dans les grandes rues,
Dans les grandes avenues sales d'une mégapole effrayante qui s'appelait : La Vie ...

Ces cheveux longs comme l'éternité se prenaient aux branches piquantes,
Ça la tiraillait, l'égratignait, mais elle se sentait attirée malgré elle !

Au détour d'une ruelle sombre,
Quelque chose la happa inévitablement !

Ce quelque chose était grand, brun et au regard ténébreux,
De ces mains puissantes il la souleva et la voilà qui ressentait son coeur battre comme jamais ...

Quel était donc cet état où elle se trouvait?
Sur son île, jamais de telles sensations n'avaient grandies en elle !

Mais elle ne pouvait éviter ce qui lui arrivait,
Et finalement elle trouvait plutôt ça bien, étrange, mais bien .....

Elle virevoltait avec lui, qui parlait peu,
Mais qui la faisait devenir autre, son corps se transformait,  ce qui jamais ne lui était arrivé !

Mais un jour, un matin froid,
Dans la même ruelle, elle se retrouva seule ....

Elle avait beau crier, appeler,
Elle avait beau regarder : plus rien n'était pareil !

Le grand ténébreux était lassé de la belle inconnue,
Il avait disparu au coin de la rue et l'avait laissée là chancelante et paumée....

Elle a continué son périple, et très vite rencontra :
La violence, l'ivresse, la méchanceté, les crimes, les reproches, la guerre, le racisme, l'intolérance ....

Et un jour en croisant son reflet dans une vitrine,
Elle découvre sur son visage autrefois à l' oval parfait, au teint comme de l'opale  : des rides creusant ses joues....

Mais quelle idée elle avait eu de venir ici,
Elle a vite compris ce qu'était La Vie, mais il était trop tard,
Oui bien trop tard !

Plus de force pour regagner son île,
L'océan était bien trop tourmenté désormais ...

Un matin de printemps,
Un homme plier comme un vieux chêne, jadis qui devait être grand,
A découvert au détour d'une ruelle pleine d'une lumière blafarde,
Le corps inerte d'une femme aux yeux de jade, aux cheveux si longs et gris qu'on pouvait si perdre l'esprit ....

Il souleva tant bien que mal celle qui avait été sa belle,
Il regretta mais il était trop tard,
Une perle chaude roula sur sa joue,
Il l'embrassa une dernière fois,
Et se coucha auprès d'elle pour la vie eternelle....

Véronique Blandin