La porte oubliée ....
Je ne suis plus que vieux morceaux de bois,
Encore debout mais de guingois,
Il n'y a plus guère que le vent froid,
Qui frappe à coup redoublé sur moi ...
Je ne suis plus que battants percés,
Laissant crier mes gonds rouillés,
Quand la nuit vient de tomber,
C'est alors que je peux encore rêver...
Je ne suis plus que courant d'air,
Je n'ai plus l'allure fière,
De ma voisine la porte cochère,
Solide et sûre d'elle, comme j'ai pu l'être naguère ...
Je ne suis plus que claquements étouffés,
Parfois passage secret, dérobé,
Où viennent s'engouffrer,
Des amours clandestins qu'il faut bien cacher ...
Je ne suis plus que chuchotement,
Juste un entrebâillement,
Où viennent s'étirer, comme un chat, langoureusement,
Les rayons du soleil brûlants ...
Je ne suis plus que charnières grippées,
Le témoin immobile de vos tendres années,
La vieillesse venue inexorablement vous charmer,
Vous aurez de nouveau l'idée de me pousser ....
Je ne suis plus qu'une porte oubliée ....
Véronique Blandin