Un matin de printemps aux odeurs de lilas....
Il voulait qu'il s'éloigne,
Qu'il l'épargne,
Qu'un peu il le laisse souffler.
Mais voilà qu'il s'était accroché.
Voilà que ses pinces assassines,
N'avaient plus lâché prise,
Que pour longtemps et pour toujours,
Elles auront eu raison de son combat si dur.
Un jour, il y a eu un espoir,
Une rémission, une joie furtive et éphémère,
Une trêve qui n'était qu'un leurre,
Qu'une tromperie, pour que plus affûté,
Il ne revienne l'achever.
La guerre était perdue d'avance,
Et pourtant il avait fait tant d'efforts,
Son corps était décharné,
Transformé tous les jours un peu plus,
En une enveloppe inconnue.
Plus personne ne le reconnaissait.
C'est le reflet dans la glace,
Qui le faisait le plus souffrir !
Les traitements, l'abandon de son corps aux mains des soignants impuissants,
Les effets secondaires, les maux divers et variés,
La fatigue et le froid,
Tout cela il avait fini par l'apprivoiser !
Mais cet être qu'il ne reconnaissait aucunement,
Il ne pouvait s'y résoudre !
Et le regard des autres, il ne voulait même pas y penser.
Un peu plus lentement, il s'était fait à l'idée,
Qu'il partirait un matin.
Il voulait que ce soit un matin de printemps,
Un matin de printemps qui sentirait le lilas.
Et c'est là qu'il gagnera le combat contre ce crabe infâme.
Ce n'est pas ce dernier qui aura droit au dernier coup de semonce.
C'est lui même qui va devoir le devancerer.
Et que l'ultime geste, il le ferait lui même.
Au moins cela il ne pourra lui enlever.
En paix avec lui même, en paix avec les autres,
Le matin de printemps qui sentait le lilas est arrivé,
Doucement, lentement mais juste à temps.
Juste pour que la force d'arrêter de lui même soit encore là!
D'arrêter le massacre qu'il lui était imposé.
D'une main assurée, calme et précise,
Il appuya au bon endroit,
Pas un remord, pas un regret,
Tout était clair et réfléchit.
Le crabe avait gagné des batailles, mais ce n'est pas lui qui eu le dernier mot.
L'homme fier et humble ne le laissa pas choisir du jour de son départ.
Et c'est lui même ayant compris qu'il n'y avait plus rien à faire,
Qui dignement finalement gagna la guerre.
Maintenant légèrement, il repose.
Les pinces desserrées, le voilà allégé.
L'âme est assagie.
Le corps est allongé dans l'ultime demeure,
A l'ombre d'un lilas qui renaît chaque printemps,
Aux odeurs subtiles, aux odeurs délicates............
Véronique Blandin