Et si l'on parlait d'amour (volet 2)
...avec Jean Ferrat !
Ce deuxième volet, je l'ai voulu sur un ton plus léger mais tout aussi intéressant !
Dans les chansons de Jean, ce qu'il y a de bien, c'est que beaucoup de sujets sont abordés souvent par le biais de l'humour. Et quoi de plus sympathique que de parler des choses de l'amour sur un ton humoristique.
Il touche du bout de ses mots si bien posés : le célibat, l'adultaire, l'amour, et la sexualité ... les choses de l'amour tout simplement, la vie !
Je vous propose tout d'abord : "La bourrée des trois célibataires" paroles et musique de Jean Ferrat de 1980. Il dresse le portrait de plusieurs femmes qui ont laissé leur mari célibataire ... "Nos femmes ont fait la malle avec leur libido" ... Germaine en pleine période difficile des femmes a eu raison de "Jean" (l'un des trois "célibataires" dans la chanson), Gertrude et Ginette ont "changé d'herbage" et les trois amis "le commodore, et l'ami Pierre" et "Jean" vont goûté aux joies du célibat ... Trois couplets où il décrit les aventures de Gertrude "qui jouait les prudes" et Ginette "qui regrette ses moeurs dissolues" désormais vit dans une secte, et Germaine dont "Jean" a eu "une overdose de sa ménopause" ! Dans le quatrième et dernier couplet on comprend aisément que cette nouvelle vie n'est pas pour déplaire aux trois acolytes qui se réjouissent plutôt d'organiser leur petit train-train : "Pour la bagatelle, on verra lequel sera désigné ..." ! On comprend qu'ils pourront bien se passer des femmes .... ou presque !
Jean Ferrat dans cette chanson rend les choses de la vie plus drôle et moins dramatique .... et il l'a chante toujours avec un air canaille qui lui va bien ...
C'est en 1985 que Guy Thomas (qui écrit déjà pour Jean, depuis le début des années 70), écrit en 1985, les paroles des 14 chansons composant l'album, et Jean en fait toutes les musiques : "Je ne suis qu'un cri", dont "Vipères lubriques" que je vous propose aujourd'hui !
Sur une musique aux tonalités orientales, dès le premier couplet, Guy Thomas donne l'ambiance de cette chanson qui se veut provocatrice : " Je te mange à la croque au sel, ton vice est mon péché véniel, mais si je dis dans ma chanson qu'aimer c'est pas la communion, que les versets de mes prières, sont bannis dans nos séminaires, que je prends très rarement comme on prend le saint sacrement ..." ! Il oppose la religion catholique à sa façon de vivre l'amour et sa sexualité avec sa maîtresse. La moralité, et les bons penseurs ne sont pas épargnés. Il ne prend pas de détours pour parler de certaines pratiques ... évoque qu'il n'a rien contre l'homosexualité et pour conclure que les juifs ne le gêne pas, ultime provocation contre une presse "bien pensante" qui a souvent déranger Jean Ferrat ...
A la première écoute de cette chanson, on peut trouver cela fort léger, mais quand on décortique tout cela, on retrouve l'art et la manière qu'avait Jean Ferrat d'analyser notre société ! Ici sous la plume de Guy Thomas qui savait si bien retranscrire les attentes de Jean...
Régalez-vous avec cette belle chanson :
En 1979, Guy Thomas écrit "Le chef de gare est amoureux" musique de Jean Ferrat. Il relate alors l'histoire d'un chef de gare dont la femme "à la cuisse hospitalière" le faisait "cocu" sans retenue, le malheureux. Tout le monde en rigole derrière son dos ... s'ils savaient : "Quand il sort le matin d'la gare, chacun sourit chacun se marre, quand il passe au milieu d'la rue, chacun murmure il est cocu, chacun chantonne il a des cornes, sa connerie n'a pas de bornes, Chacun le croit dure de la feuille, chacun se met le doigt dans l'oeil..." ! " Et la bêtise il s'en fout, laissons glouglouter les égouts " !! En fait il vit une belle histoire d'amour et est le plus heureux des hommes car : "dans le train de 9h57, tout son bonheur en descend, c'est une fille de seize ans ... et tous les soirs c'est dans un wagon couchette, que les deux amants se font un p'tit appartement ..."
On retrouve là, la manière subtile et drôle de Jean et de Guy Thomas pour raconter une histoire d'amour où celui qui croit tromper l'autre l'est tout autant ....
Alors laissons glouglouter les égouts et savourons cette belle chanson ....
Pierre Frachet en 1960 écrit sur une musique de Jean Ferrat, " L'éloge du célibat" où effectivement l'amour n'est pas sa préoccupation première ... mais un jour il rencontre celle qui le fera changer d'avis ... "...Dans le célibat on s'ménage, du bon temps, mais son plus bel avantage, cependant, ma femme dira pas l'contraire, je parie, c'est quand un célibataire se marie " ...
Et pour conclure cet article, une chanson de Roland Valade pour le texte sur une musique de Jean Ferrat : "Horizontalement" ...
Tout au long de la chanson déclinée sur le thème des mots croisés, Jean nous parle d'une conquête qu'il préfère "Horizontalement' ... Des allusions non dissimulées ... la belle "n'a pas inventé l'eau chaude" ....
Beaucoup existent encore comme : Ma fille, Mes amours, Les filles longues, Une femme honnête, Pardonnez-moi mademoiselle, Chante l'amour...
Voilà pour ce petit tour des chansons "légéres" mais pas tant d'un Jean Ferrat malicieux ....
Véronique Blandin